L’accompagnement en sophrologie pourrait se résumer en un éveil ( un réveil?) de la conscience nous permettant de mieux sentir- d’abord ce qui se passe en nous – être plus conscients de nos tensions et sensations de confort, de notre respiration, nos pensées, nos limites, mais aussi de nos qualités, ressources et compétences et surtout de nos émotions qui sont des indicateurs très précieux de notre réaction à notre environnement. Ensuite, la sophrologie nous enseigne à être plus conscients de nos places et relations à notre environnement en affinant nos sens, vue, toucher, ouïe, odorat, goût ….
Lorsque nous avons toutes ces information internes et externes sur notre environnement, nous prenons des décisions bien plus justes (dans le sens de justesse) pour nous mêmes.
Etre plus conscient c’est avoir une bonne qualité d’informations pour de meilleures décisions ; des décisions qui nous font OUI à l’intérieur
Chaque jour, dans mon métier, j’ai les compétences pour accompagner cette prise de conscience de soi.
J’ai pourtant été fort dépourvue, la parentalité venue…
Lorsque je suis devenue maman, je me suis demandé comment faire pour favoriser cette « conscience de soi » chez ma fille, alors même que je ne pouvais pas proposer à un bébé des techniques respiratoires, exercices corporels ou de visualisations….
Comment favoriser l’accueil, la reconnaissance et l’expression ( de façon socialement acceptable) de ses émotions?
Comment l’aider à avoir une image d’elle-même intègre, positive ?
Comment l’accompagner pour qu’elle garde confiance en elle, qu’elle puisse s’affirmer, poser ses limites tout en respectant l’Autre ?
Comment l’éveiller à tous ses potentiels, tous ses possibles à elle ?
La communication bienveillante m’a paru une évidence !
Nous pouvons faire de l’écoute active dès bébé : développement de la conscience de soi
Si bébé pleure au moment de la séparation ( chez la nounou, la crèche, la mamy), l’écouter » On dirait que c’est difficile pour toi ce matin. Tu sembles bouleversé » et accueillir ses larmes, avec une qualité de présence .Plutôt que la sucette dans la bouche, ou les remarques du type » Mais tu sais que maman vient te chercher tout à l’heure, ne pleure pas »
L’interdiction de l’émotion « ne pleure pas » ou le bouchon « sucette » donnent un message à l’enfant: tu ne dois pas ressentir ce que tu ressens et lui apprend très tôt à réprimer ses émotions plutôt qu’à les exprimer pour s’en décharger. ( NB: je ne conteste pas ici le besoin de succion du tout petit, mais le recours systématique à la sucette en cas de pleurs)
La conscience sensorielle s’éduque également; nommer les sensations que l’enfant peut vivre dans son corps pour se les approprier ; chaud, froid, doux, piquant, qui gratte, agréable, désagréable, délicieux, amer, sucré, salé, brûlant… Lui décrire le monde : le ciel, les nuages, l’herbe, les fleurs, les couleurs, les odeurs, les sons……
Développer le « disque dur interne » de nos enfants avec du vocabulaire de la sensation et de l’émotion, pour qu’ils puissent dire/sentir leur corps, et avec du vocabulaire de l’environnement pour qu’ils puissent dire/vivre le monde.
Nous pouvons les aider à être plus empathique : développement de la conscience de l’Autre
Contrairement à ce que l’on a cru pendant longtemps, dès 18 mois, les enfants ont une capacité d’empathie, puisqu’ils sont capables de venir en aide à un adulte qui leur semblent en difficulté.
Nous pouvons en tant que parents les aider à cela en nous exprimant en notre nom plutôt qu’en parlant sur l’Autre. Le fameux Message-je de Thomas Gordon, qui nous permet de parler de nous-même pour:
Émettre un désaccord : » Quand tu cries comme cela, je ne peux pas me concentrer et j’ai envie d’aller dans une autre pièce de la maison »
Soutenir un comportement : » Quand je dois moucher ton nez, mettre du sérum dedans et que tu te laisse faire comme ça, cela me facilite la tâche et est bien plus rapide, merci »
Prévenir un comportement : » Nous allons au supermarché, j’attends de toi que tu restes près de moi dans le magasin, que tu marches, et que tu m’aides aussi pour choisir les légumes s’il te plait »
Nous pouvons les aider à coopérer : développement de la conscience de l’Autre et de son environnement
En donnant des informations aux enfants plutôt que des ordres , nous les obligeons à réfléchir à des solutions, à mobiliser leur cerveau et à découvrir le monde plutôt que l’autorité.
» Ta serviette de toilette mouille mon lit » » le feu est brûlant » » Quand tu prends le bol de chips dans tes bras, nous ne pouvons pas en manger, et nous sommes 5 à l’apéro »
Nous pouvons les complimenter de façon efficace : développement de la conscience de sa valeur personnelle
En étant descriptifs plutôt qu’en usant de superlatifs, trop généralistes. Les compliments descriptifs ont l’énorme avantage de permettre à l’enfant de s’accorder lui même un compliment.
» Je trouve très agréable de t’entendre dire bonjour quand nous rentrons dans la boulangerie, et avec le sourire en plus! » =
Nous pouvons les aider à gérer les conflits sans perdant : conscience des relations humaines et du vivre ensemble
Il est aujourd’hui déterminé que les comportements sociaux des enfants sont modélisés sur ceux des adultes qu’ils côtoient le plus souvent. C’est en grande partie comme cela qu’ils apprennent à se comporter en société : en faisant comme papa et maman. Nos » Bonjour » « Merci » « Pardon » et autres sourires , gestes de courtoisie quotidiens – à la maison , dans les commerces, en famille – apprennent à nos enfants les comportements que nous considérons nécessaires à la vie en société.
Dès lors, si nous tenons compte des besoins ( à distinguer des désirs…) de nos enfants, et des nôtres, nous leur apprenons que chacun compte. Puis, lorsque surgit un conflit de besoins, apprendre à axer son attention sur la recherche de solutions communes, sans perdant, incitera l’enfant tout naturellement à faire de même dans sa vie présente et future.
Pour toutes ces raisons, je suis convaincue qu’en utilisant toutes ces habiletés de communication – de celles enseignées par les ateliers « Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent », Haïm Ginott, Thomas Gordon, Isabelle Filliozat- chaque parent pourrait être le sophrologue de son enfant !