Lors de notre dernière rencontre des ateliers « Parler pour que les enfants écoutent…. » nous avons abordé le sujet de la promesse. En effet, pour nombre d’entre nous c’est très important de tenir les promesses faites à nos enfants et d’apprendre à ces derniers à tenir les leurs.
De mon côté, cette histoire de promesses a un écho tout autre…
Du côté du parent
Lorsqu’en tant que parents nous nous engageons par une promesse, nous pouvons parfois nous mettre dans des situations ubuesques ! Voilà l’exemple que j’ai présenté à mon groupe lundi soir :
Vous avez promis à votre enfant de l’emmener au cirque le mercredi suivant. Cela fait plusieurs jours que vous en parlez ensemble et votre enfant est très très enthousiaste! Le mercredi en question, vous vous levez avec la grippe, la vraie…. celle à 40°C, courbatures , mal de tête etc… Que faites vous alors ?
Certain(e)s resteront au lit ( et les autres spectateurs du cirque les en remercient), d’autres seront face à un véritable dilemme, d’autres enfin ne se poseront pas la question » Une promesse, c’est une promesse… » Admettons cette dernière option et poursuivons notre histoire:
Vous voilà donc au cirque ( vous avez pris tout plein de médicaments pour tenir le coup), votre enfant est aussi surexcité que vous êtes léthargique… Assis l’un près de l’autre, le spectacle commence, votre enfant est absorbé un petit moment, et d’un coup souhaite partager son enthousiasme avec vous. Euphorique il se tourne vers vous et vous voit transpirant(e), grelottant(e). Que se dit-il à votre avis?
« Maman a vraiment l’air malade »… » c’est pour moi qu’elle est sortie de la maison »
Quels sentiments cela risquent d’engendrer chez lui?…. Cette très chère culpabilité…
Et que peut-on ressentir à l’égard des personnes qui nous font nous sentir coupables? Sûrement pas uniquement de l’amour…..
Alors bien sûr, notre enfant risque d’être frustré, en colère, et de l’exprimer bruyamment. Et c’est bien légitime que d’être frustré ! Là l’écoute des émotions aura sa place ( autant que la grippe le permet 😉 )
Aucun parent ne devrait souffrir pour combler les désirs de ses enfants
Parce que là c’est de désirs dont nous parlons, pas de besoins.. Nous respecter nous mêmes enseigne à nos enfants à se respecter également…. de mieux écouter leurs limites, et les éveille à l’empathie….
Du côté des enfants
Nous demandons aussi à nos enfants de nous faire des promesses. Et là, deux choses me semblent importantes :
– L’âge de l’enfant : je ne suis pas sûre qu’avant 6 ou 7 ans, cette notion de promesse ait vraiment du sens pour les enfants. Au regard de leur relation au temps, de la complexité de la notion de sens et d’engagement. Cela peut aussi parfois nous rendre maladroits:
« Je sors de la salle de bain deux minutes, promets moi de ne pas toucher au robinet d’eau chaude, sinon tu vas te brûler »
Et voilà ce robinet qui- de tout son brillant- attire notre enfant comme un aimant ! ( Préférer ici par exemple » Je sors de la salle de bains deux minutes, je te rappelle qu’il est très DANGEREUX de toucher au robinet en l’absence d’un adulte » et bien sûr c’est un sujet que l’on aura abordé déjà plusieurs fois avant même de laisser son enfant seul dans le bain)
De plus, les petits, peuvent tout à fait avoir envie de vous faire plaisir au moment de la conversation » Oui je serai sage au supermarché, je vais marcher près de toi maman » et puis une fois sur les lieux, ils sont bien incapables ( je veux dire que leur cerveau est pour de vrai encore incapable ) de réprimer leurs gestes pour attraper, toucher, courir…
– Ce qui nous motive à solliciter cette promesse , plutôt que d’en rester à un simple échange. N’est-on pas en train d’envoyer deux messages, l’un explicite » si tu me promets je pense que je pourrai te faire confiance » et l’autre plus implicite » J’ai besoin que tu me promettes sinon tu n’es pas digne de confiance à mes yeux ». Cela rend le décodage difficile pour l’enfant.
Enfin pour parents et enfants
Pourquoi une simple parole n’a-t-elle pas suffisamment de valeur pour qu’on y ajoute une promesse???
Cela veut-il dire qu’à chaque fois que l’on ne promet pas, on peut se défiler sans problème?
Et que penser de ces promesses que l’on se fait pour avoir la paix ?!
» Oui chérie, promis quand on rentre à la maison tu auras un bonbon »
» Oui maman, promis, je fais mes devoirs dès que mon dessin animé est terminé »
Bref, comme vous pouvez le constater, cette histoire de promesses me fait réfléchir, et vous qu’en pensez-vous?