Qu’on le dise une bonne fois pour toutes !
Lorsqu’un être humain est en colère, triste ou effrayé, notre attitude est souvent maladroite alors que bien intentionnée !
A une personne en pleurs nous dirions peut être » Aller, ça va aller, c’est rien, ça va passer, ne pleure plus… », à une autre en colère « Mais calme toi ! respire, arrête de parler si fort. Calme toi « ,enfin , à une personne effrayée » C’est rien, ne t’inquiète pas. N’y pense pas, tu te fais trop de films là »
L’intention est bonne : soulager la personne, l’aider à passer le cap, faire taire cette émotion pour qu’elle se sente mieux.
Oui mais ….
On ne se sent pas mieux tant que l’expression physique, biologique, énergétique de l’émotion n’aura pas eu lieu !
La constitution même de notre cerveau nous empêche de pouvoir penser (autrement dit d’accéder aux fonctions de notre cortex préfrontal ; celui de la réflexion, de la prise de recul, de l’analyse) lorsque notre système limbique, notre cerveau émotionnel, est si fortement en action.
D’ailleurs, à ce sujet, une petite vidéo qui image très bien ce qu’il se passe et dont je me sers souvent.
Parce qu’une émotion est une succession de phénomènes chimiques ( les hormones sécrétées), d’afflux sanguins, de battements de cœur spécifiques ; soit des phénomènes biologiques qui ont un sens ! Celui de permettre au corps un retour rapide à l’équilibre, à l’homéostasie pour laquelle il est programmé.
Si nous essayons de voir nos larmes, tremblements, crispations musculaires comme les remèdes à nos maux, plutôt que comme des manifestations gênantes à enrayer à tout prix, nos réactions face aux émotions seront modifiées. Pour nos propres émotions, mais aussi celles de nos proches, puisque c’est le thème de ce billet ( nous aurons de nombreuses occasion de reparler des émotions)
Certains disent même que « Si l’émotion ne s’exprime pas, elle s’imprime dans le corps ». Et bien oui, pourquoi pas? Quid des tensions abdominales d’une colère non exprimée? Des tensions dans les trapèzes et les épaules des peurs réprimées? Que deviennent-elles?
En bref : à ces moments de pics émotionnels, il nous est impossible de réfléchir clairement et de prendre du recul. Il faut d’abord que l’émotion s’exprime, fasse ce mouvement de l’intérieur vers l’extérieur , et se décharge.
Donc lorsque l’on souhaite vraiment aider quelqu’un aux prises avec une émotion intense, la meilleure option en tout premier lieu est de reconnaître, d’écouter l’émotion de l’Autre.
» Dis donc, tu as l’air bouleversée »
» Ce coup de téléphone t’a rendu furieux »
« Oui, ça fait peur d’imaginer qu’il y a un loup sous son lit »
Je conclurai avec cette phrase du psychologue humaniste Haïm Ginott
» Toutes les émotions sont permises, tous les comportements ne sont pas acceptables »
( Et oui , accueillir les émotions ne signifie pas de devoir supporter tous les comportements qui en découlent. Surtout s’ils entravent nos besoins. Par ailleurs, la colère n’est pas la violence, la peur n’est pas la phobie, et la dépression n’est pas la tristesse… Une émotion est brève lorsqu’elle a la place de s’exprimer, lorsque cela devient une humeur qui teinte notre vie , c’est un autre sujet)
Ne me croyez pas sur parole, expérimentez ! Mettez vous à l’écoute et vous verrez. Une fois l’émotion entendue et reconnue, il arrive fréquemment que la personne trouve ses propres solutions !
Et ceci est valable à tous les âges de la vie !