Ce matin, alors que je travaille tranquillement de chez moi, je reçois un appel d’un commercial de mon opérateur internet pro. Il veut que nous vérifiions ensemble que mon forfait est bien adapté à ma consommation. J’ai le temps, je suis sympa, il est sympa. Alors que pour conclure notre conversation, je le remercie et lui souhaite une bonne journée, il me répond, chaleureusement:
« Bonne journée et bon courage »
Je me suis sentie réagir intérieurement à ce « Bon courage ». En effet, je ne ressentais pas du tout le besoin de courage pour vivre ma journée, qui bien que studieuse, m’apparaissant enthousiasmante : je suis chez moi, seule, à travailler sur un projet dont le sujet me passionne.
Est-ce lui qui a besoin de courage? Peut-être…
Tout travail demande -t-il du courage? Je ne crois pas
N’est-ce pas plutôt un peu culturel cela?
Je me souviens alors d’une conférence de Thierry Janssen* au cours de laquelle, il nous racontait qu’il n’y a qu’en France que l’on se souhaite « Bon courage » si facilement. Sans circonstances tragiques ou difficiles le nécessitant en tout cas…
C’est donc très français de se souhaiter du courage pour travailler
« Tu as 2 réunions et un rendez vous extérieur aujourd’hui? Bon courage! »
ou passer sa journée avec ses enfants
« Oh tu gardes tes 2 enfants à la maison aujourd’hui alors qu’il pleut…. Bon courage »
Je m’interroge alors sur ma façon de conclure mes entretiens d’une manière générale, et mon truc à moi, depuis la sophrologie c’est:
« Prends soin de toi »
« Prenez soin de vous »
Et lorsque je prononce ces mots, le plus en conscience, en présence possible, je me sens reliée à mon interlocuteur, mais aussi bienveillante, comme proposant une invitation agréable.
Comment je me sens lorsque je dis à quelqu’un « Bon courage ». Personnellement, je peux aussi me sentir bienveillante surtout si j’imagine sa tâche pénible. Mais là je juge, non? Je projette, j’imagine, je me mets à la place de…. mais depuis ma vision du monde, mon point de vue, qui n’est…. que mon point de vue et qui n’a pas de valeur universelle.
Et soi même, quand on s’atèle à la tâche avec courage, dans quelle énergie sommes-nous? N’y a -t-il pas plus d’effort à fournir?
Je suis convaincue ( et je suis loin d’être la seule!) que notre façon de voir les choses impactent sur nos actions sur notre relation à nous même et à l’autre. Changer de regard, des choses les plus usuelles et quotidiennes comme les trajets, le travail, les courses, le rangement, aux plus extra ordinaires, un rendez vous important, une naissance…. choisir davantage l’intention dans laquelle nous avons envie de faire les choses, plutôt que de le subir, par habitude, par culture ou par contagion….
Une petite histoire que j’aime beaucoup à ce propos :
« C’est l’histoire de 3 tailleurs de pierre. Ils sont cote à cote, et font exactement les mêmes gestes techniques. Mais le premier semble épuisé et triste. Un promeneur lui demande :
– Que faites-vous ?
Il lui répond énervé
– ben ! Vous l’voyez bien ! Je taille une pierre !
Le promeneur regarde le deuxième, qui semble moins malheureux et moins épuisé que le premier et lui
demande :
– Et vous, que faites-vous ?
Il lui répond gentiment :
– ben ! vous l’voyez bien ! Je construis un mur !
Alors il regarde le troisième, qui lui, paraît très joyeux. Il siffle en réalisant son ouvrage. Il lui demande
– Et vous alors, que faites-vous ?
Alors il répond avec passion :
– ben ! vous l’voyez bien ! Je construis une cathédrale ! »
Je vous laisse sur ces belles paroles, et comme le dirait les américains
« Take care »**
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Merci Christine pour cet article. Je me fais souvent la même réflexion que toi sur ce « bon courage », à la fois quand je m’entends le dire et quand je le reçois…
C’est vrai qu’un « prends soin de toi » me donne mille fois plus d’énergie, d’optimisme, d’empathie et de légèreté (quelle que soit la situation à laquelle je fais face).
Merci encore et prends soin de toi 😉